Un blog en campagne qui a le goût de madeleine

Ce blog ne vous parlera pas de ma vie mais de ceux et celles qu’elle me donne de rencontrer. Il vous donnera je l’espère ce plaisir instantané et la joie qui imprègne notre coeur à pratiquer le commerce des bonnes gens. Plus que bonne fortune, bombance et bonne chair, là est la source intarissable de notre contentement.
Pour vous en décrire le goût, je dois déjà me contredire. Vous parler de mon enfance, juste d’un souvenir qu’il m’en reste, bien incrusté à l’intérieur.
Je suis né en Alsace et j’y vécus toute mon enfance. Le quartier où s’installèrent mes parents fut gagné sur les champs environnants. Là où finissait le bitume, s’ouvrait un autre monde de prés, de bois, de chemins creux, d’étangs, de cultures, de vignes et de terrains mi-sauvages voués à disparaître sous la marée urbaine. Un territoire inconnu, ouvert aux explorations, aux découvertes, à l’expérience du danger et à toutes les collectes. Dans une rue voisine et plus ancienne, vivait une famille de braves Alsaciens dont le nom aux consonances paysannes et dialectales  prêtait le flanc aux quolibets les plus variés. Il faut dire que la langue alsacienne était interdite à l’école en classe, bien que nous la pratiquions en récréation, surtout pour proférer  clameurs et insultes dont la portée n’en était que plus forte et plus intime. L’Alsacien portait en lui ce quelque chose d’arriéré appartenant aux paysans rustres, aux instincts primaires, à la campagne. Ces gens donc vivaient de façon fort différente de nous les petits urbains. Leur très grande maison cachait un immense  jardin avec ses cabanes de bois, leurs clapiers à lapins et basses-cours, son vaste potager, son champ de pommes de terres. Grand-père et  grand-mère vivaient sous le même toit que la famille et leurs petits enfants. Au fond du terrain, un portail donnait directement dans la campagne.  Christian le jeune fils devint rapidement mon copain, peut-être parce-que nous partagions l’encombrant apanage d’un disgracieux embonpoint. Je découvris ainsi des gens simples d’apparence et de contact, habités de riches savoirs, tirant profit de tout ce que la terre peut offrir à qui sait le voir et le cueillir. C’est ainsi que mes parents dégustèrent leur première salade de pissenlits !

Ces souvenirs sont restés dans ma mémoire liés à un petit détail qui peut-être les a rendus impérissables. La rue où habitait mon bon copain portait le nom de rue des Bonnes Gens. C’est à eux sans doute que je dois d’avoir pris le goût de fréquenter les gens de la terre au point d’en faire mon métier. Bien des années ont passé mais comme la madeleine de Proust, mes rencontres ont parfois ce supplément d’émotion qu’elles me ramènent à ce état d’enfant surpris et touché, émerveillé et curieux.

Ce blog vous fera découvrir certaines de ces bonnes gens qui ont inspiré ma plume. Quelques-uns sont les personnages du Journal de Campagnes.

Beaucoup n’y ont pas trouvé place. Le livre se limite à la France. Il est une construction de morceaux choisis pour former un tout.

Le blog vous propose d’en élargir le périmètre et le regard.

Peut-être aussi vous donnera-t-il envie de découvrir le livre.

 

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