La virilité se joue à la pointe de la fourchette

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L’homme, sous-entendu le mâle, est un exhibitionniste qui s’ignore. Une expérience de laboratoire vient de le prouver. Dans la nature, rien n’est plus visible et ostensible que le combat titanesque des baleines mâles, la joute bois contre bois des cerfs dans les forêts ou les concours de roucoulements des pigeons ramiers à la parade. Tout cet étalage de force et de performances pour s’assurer de leur supériorité vis-à-vis des autres mâles et impressionner les femelles nous fait sourire, nous hommes tout entiers pétris de culture par-dessus le socle bestial. Pourtant les comportements d’exhibition et les démonstrations de virilité face à nos rivaux, tout ce tapage et tambourinage de poitrine est on ne peut plus commun chez notre espèce. C’est ce que révèle l’expérimentation conduite par quelques chercheurs de la Cornell University située à Ithaca dans l’Etat de New York USA. Une vingtaine d’étudiants ont servi de cobayes. Certains ont été mis au défi de manger le plus d’ailes de poulet possible avec la perspective de recevoir une médaille (en toc). Ils en ont mangé quatre fois plus que d’autres invités juste à en faire leur dîner. Certains ont par ailleurs réalisé l’épreuve en présence de spectateurs. Il s’avère dans ce cas que les hommes en ont avalé encore 30% de plus. En public ou non, tous ont trouvé cela très grisant et cool de participer à une telle compétition. A l’inverse, face aux spectateurs, les femmes ont freiné des deux mandibules. Elles ont mangé 30% d’ailes de poulet en moins par rapport à leur score en huit-clos. Dans les deux cas, elles sont sorties des épreuves avec un sentiment d’embarras et quelque peu complexées. Dans une seconde expérience sur quatre-vingt-treize étudiants, les chercheurs ont voulu voir si les champions des concours de mangeaille, sport très répandu aux USA, sont perçus comme plus «forts» et susceptibles d’engendrer une plus large progéniture. Il en ressort qu’aux yeux de tous, de grandes performances alimentaires ne rendent pas les femmes plus attractives. Mais lorsque ces prouesses sont le fait des hommes, le sexe opposé n’y est pas vraiment sensible. Autrement dit, l’alimentation en société conduit, par le processus de rivalité, à la suralimentation chez les hommes exclusivement, ceci en pure perte.

Dominique Martin

Janvier 2017

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