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Manger du mammouth ça vous fend le cœur?

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Nom d’un bison poilu! Cro-Magnon et son regretté cousin Néandertal se fendraient bien la poire au coin du feu à discourir sur les cancans de la petite tribu des végétariens, colportés sur les tam-tams du web 2.0. Sûrs que de grands gaillards comme eux, aux squelettes massifs et aux cerveaux bien plus gros que les nôtres, se pourlécheraient les babines en sirotant de délicieux os à moelle rôtis en écoutant les derniers échos de radio cavernes. Trente-cinq mille ans et des poussières après que des chasseurs artistes nous ont laissé en rupestres peintures l’incroyable bestiaire où ils puisaient leurs nourritures charnelles et spirituelles, de savants sapiens continuent en effet de se demander si le mammouth a vraiment sa place dans notre assiette. Peut-être les travaux de la Rutgers New Jersey School of Medicine à Newark aux Etats-Unis vont-ils enfin rendre grâce au legs alimentaire de nos primitifs ancêtres. Ces chercheurs américains ont voulu savoir si exclure la viande de notre alimentation pouvait réduire les risques de maladies cardiaques. Les problèmes cardiovasculaires sont la première cause de décès de notre espèce à travers le monde d’après l’Organisation mondiale de la santé. L’héritage empoisonné de Cro-Magnon y serait pour beaucoup aux dires de la tribu végétarienne qui fait de la chair fraîche son bouc émissaire. Après avoir suivi douze mille sapiens pendant trois ans, les chercheurs concluent que ceux ayant adopté un régime sans produits carnés n’ont pas le cœur ou les artères en meilleure santé que les autres. Certes les 260 descendants d’Adam et Eve ayant troqué leur peau de bête contre la feuille de vigne sont plus minces, observent-ils. Mais ces mangeurs de pommes et de racines sont aussi plus jeunes que la moyenne, et ce sont plus souvent des femmes, dont les canons ont quelque peu «co évolué» avec le machisme ambiant depuis l’aurignacien, âge d’or de la bombasse callipyge comme en témoignent nombre de statuettes fort suggestives. Quoique en soit,si le régime fruits et légumes aide à tenir la ligne directrice de notre époque, manger de la viande ne semblerait point interférer avec nos douloureuses affaires de cœur. Une conclusion toutefois limitée dans le temps puisque les scientifiques ont appliqué aux participants le test de Framingham, un outil qui permet d’estimer le risque cardiovasculaire individuel à dix ans seulement. Sur la très longue période, on ne peut dire que le régime de Cro-Magnon ait porté préjudice à son espèce, dont le succès planétaire fut tel qu’elle dévora jusqu’au dernier des mammouths.

 

Dominique Martin

Novembre 2016

Viandard ou végétarien : un débat vieux comme Néandertal

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A l’ère d’internet, du colportage planétaire de « fake news » (les fausses nouvelles), de « faits alternatifs » et autres « post vérités », il est des « découvertes » qui ont l’art d’irriter le nerf de nos méga cerveaux en déroute. Le 1er avril (sic), la chaîne de télévision Arte tentait de nous faire croire, « documenteur » à l’appui, à l’exhumation d’une femme Homo sapiens morte en couches il y a 25 000 ans et enceinte d’un bébé Néandertal. Mieux : nos ancêtres néandertaliens n’auraient jamais disparu, il y a 30 000 ans, leurs gênes auraient tant infusé les populations humaines que votre voisine, votre épouse ou peut-être vous-même pourriez ne point être de l’espèce que vous croyiez ! Bien sûr tout cela sonne faux, jusqu’à preuve du contraire. Seuls une poignée de vieux gênes auraient survécu parmi les peuples européens et asiatiques. Il n’empêche, une étude publiée trois semaines avant, montre que l’aïeul qui nous précéda de longue date sur le continent n’avait rien à envier sur le plan des cultures alimentaires aux hommes modernes que nous croyons être devenus. Cette recherche pilotée par l’University of Adelaide en Australie a impliqué au total vingtcinq universités d’une douzaine de pays, ce qui fait beaucoup pour penser à un canular scientifique. Les chercheurs ont travaillé sur l’ADN de dents d’hommes de Néandertal datant de 42000 à 50000 ans sur deux sites très éloignés, Spy en Belgique et El Sidrón en Espagne. Elles provenaient de quatre personnes. Plus spécialement, ils ont analysé la plaque dentaire déposée à la surface des dents. Le tartre piège des bribes de nourriture et des microbes de la bouche, amicaux et pathogènes, dont on a soigneusement extrait l’ADN résiduel. Première révélation de taille : les populations des deux sites avaient des régimes alimentaires très différents. Les dents des Belges avaient pour habitude de mastiquer de grandes quantités de viandes, rhinocéros laineux et moutons sauvages notamment, agrémentés de champignons. A l’opposé de ces viandards, le Néandertal d’Espagne s’adonnait à un régime méridional végétarien fait de pignons de pin, de champignons, d’écorces et de mousses. Sur la dent de l’un d’entre eux, les analyses ont trouvé de l’ADN de peuplier, arbre dont l’écorce contient de la salicine, substance métabolisée en acide salicylique (aspirine) par le foie. Or les mêmes analyses ont révélé que l’individu souffrait d’un abcès dentaire et hébergeait un parasite intestinal. Il aurait donc pu consommer des écorces de saule non pour manger mais en vue de se soigner. De même, des traces de Penicillium, champignon aux propriétés antibiotiques, ont été décelées. Faut-il en conclure que l’humanité néandertal avait déjà son lot de vegans et d’écolos accros aux médecines naturelles ? Que ton aliment soit ta première médecine, enseignait le Grec Hippocrate au temps de Périclès, sans savoir qu’il n’y avait peut-être là rien de nouveau sous le soleil. Ces découvertes fondamentales dans la bouche de Néandertal montrent assurément que s’il est une innovation dont Sapiens pourrait s’enorgueillir, ce devrait être le brossage des dents.

Dominique Martin

Avril 2017